samedi 4 octobre 2014

HACHETTE / CARON

Artiste : Micheline Hachette
Titre : Le Déjeuner sur l'herbe (réinterprétation infinitésimale)
Date : 1978
Format : 150 x 200 cm.
Auteur du texte : Anne-Catherine Caron


















UN AUTRE DEJEUNER SUR L'HERBE 
par Anne-Catherine Caron

Au premier abord, la mise en œuvre d’une théorie comme celle-là, même si l’on peut abstraitement en saisir la jouissance anticipée de ses concrétisations possibles peut également sembler barbare et inaccessible, si ce n’est obsessionnelle.
Le Déjeuner sur l’herbe de Micheline Hachette, présenté pour la première fois, en 1978 au Palais du Luxembourg, dans le cadre du Salon de la Lettre et du Signe, me semble, comme « réinterpétation infinitésimale » représenter une illustration majeure de cette novation par la façon dont elle met en scène des réalités virtuelles et imaginaires à partir d’un monument de l’histoire la peinture.
Cette manière de suggérer un tableau aussi célèbre, constituant en soi une certaine rupture dans la peinture du XIXe siècle, et si troublant par ce qu’il introduit de mise en abîme d’une thématique débouchant sur une hallucinante ironie, Hachette recourt à des notations-tremplins simples et même prosaïques.
A travers un plan d’herbe factice, la disposition d’un pique-nique moderne de supermarché, réduite à quelques verres en plastique, des assiettes en carton, plusieurs serviettes de papier à carreau et des cubes surchargés sur leur surface de notations (ceux-ci figurant la signature de l’artiste et sa présentification), cette oeuvre me semble résoudre opportunément le problème de la perception située, au-delà du concret, dans l’imaginaire, par la mutation de sens, fondée sur la substitution d’une représentation par une autre, différente, inconcevable qui, en elle-même, ne s’imposera que comme l’une des expressions envisageables de l’œuvre prise en référence. L’ombre des personnages peints grandeur nature par Manet plane sur le contexte environnant, paysager, suggérée dans la réinterprétation comme dans le but de rendre présent ce qui, par essence, est absent, mais, en même temps, si présent au travers de cette inédite représentation du célèbre tableau moderne.

Anne-Catherine Caron, extrait de Le Lettrisme au-delà de la Féminitude/ Il Lettrismo al di là della Femminilitudine, précédé de L'Apport du Lettrisme et du Juventisme au mouvement de libération des femmes d'Isidore Isou, Ed. Zero Gravità, Sordevolo, 2008.


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